Réforme du BNMA et de l’ensemble des diplômes des Métiers d’art : une menace pour la filière en apprentissage

La réforme actuelle du BNMA (Brevet National des Métiers d’Art) fait peser un risque majeur sur les métiers d’art en fragilisant leur fondement essentiel : une formation longue, exigeante et incarnée, reposant sur l’apprentissage et la transmission du geste.

Aujourd’hui, les savoir-faire se construisent en quatre années :
Un niveau 3 pour l’acquisition des fondamentaux, puis un niveau 4 pour l’approfondissement et la maîtrise.

La réforme du BNMA propose un cycle unique de trois ans, avec moins d’heures de formation et de temps en entreprise, traduisant une méconnaissance profonde des réalités des métiers d’art, où la main se forme dans la durée, par la répétition et l’accompagnement en atelier.

Notre Profession demande :

1. Maintenir un niveau 3 solide : la base du geste
Le niveau 3 est indispensable pour l’apprentissage (CAP, CTM lorsqu’il existe).
Le supprimer ou le diluer reviendrait à former des professionnels sans leur laisser le temps d’acquérir les gestes fondamentaux.
Un métier d’art exige d’abord maîtrise, compréhension et rigueur, avant toute création ou innovation.
Notre demande est claire : maintenir une offre lisible et reconnue de niveau 3, garantissant un premier socle de compétences solides.

2. Construire un niveau 4 exigeant, pas un raccourci
Le niveau 4 doit être renforcé et co-construit avec les professionnels, et non devenir un diplôme compressé ou une certification théorique supplémentaire.
Multiplier les titres ne crée pas de compétence : le métier ne se résume pas à un empilement de diplômes, mais à la maîtrise du geste, à l’exigence et à la créativité.
Il convient donc de travailler avec les Professionnels sur l’ensemble des certifications existantes afin de répondre à deux exigences : la transmission du bon geste et l’insertion durable dans les métiers artisanaux, tout en laissant la liberté de choisir la certification la plus appropriée à son niveau et son projet professionnel.

3. Préserver l’apprentissage plutôt que multiplier les diplômes
La segmentation excessive en blocs et micro-certifications risque de :
– fragiliser la transmission des savoir-faire,
– réduire le temps de pratique,
– rendre les parcours illisibles,
– abaisser le niveau d’adaptabilité sur les postes à poly-compétences,
– et plus généralement complexifier l’accès aux emplois clés attendus dans les entreprises.

Les entreprises artisanales attendent avant tout des professionnels opérationnels, formés et surtout aguerri au monde de l’entreprise.

La demande exprimée lors des dernières Commissions Paritaires consultatives dans lesquelles nous siégeons reste nos priorités : renforcer l’apprentissage, garder et renforcer les certifications qui répondent pleinement aux demandes des entreprises, simplifier les parcours et recentrer la formation sur la pratique et donc l’alternance.

4. Co-construire la réforme avec la filière 
La profession n’est pas opposée à l’évolution, mais demande concertation, transparence et dialogue.
Fragiliser la formation initiale, c’est affaiblir toute la filière, alors que préserver l’excellence, c’est investir dans l’avenir, l’emploi et le patrimoine vivant des métiers d’art.

Rôle et engagement de l’UNAMA

L’UNAMA est pleinement mobilisée pour préserver et adapter les certifications de la branche de la fabrication de l’ameublement, en particulier celles répondant aux réalités de l’artisanat.

A ce jour, nous avons déjà renouvelé, avec CMA France les certifications suivantes : CTM, BTM, BTMS ébénisterie, BTM tapissier et avec la Branche nous avons ouvert le CQP Tapissier en travaux hors atelier, dit villier.

Actuellement, nous sommes engagés, avec le ministère du travail, sur la rénovation des titres professionnels (menuiserie, tapisserie, restauration de meubles d’art, agencement, etc.).
Et surtout, nous sommes présents dans les groupes de travail initiés par l’Éducation nationale pour traiter les sujets du BNMA…

Nous attendons éalement l’ouverture des travaux de révision des CAP tapissier.

En dernier lieu, et ceci en accord avec la CPNEFP de notre Branche et les organismes de formation, nous engageons en 2026 une réflexion pour définir, avec les professionnels dans les territoires, l’offre de formation en alternance la plus efficiente pour former les futurs salariés, chefs d’atelier et dirigeants.

Cette démarche de prospective métiers, soutenue par l’OPCO 2i, vise à pérenniser l’avenir des métiers artisanaux de la fabrication de l’ameublement en restant fidèles à leur ADN : le geste, le temps long et la transmission.

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